La fête du 15 août, ancienne fête nationale de la France – qui lui vaut un jour férié – nous donne l’occasion de réfléchir à notre juste rapport à Marie. Entre la mariolatrie (culte indu à Marie comme à une personne divine) et le « marioclasme » (rejet de toute vénération de Marie), deux dérives non catholiques, il y a place pour une saine (et sainte) vénération de la mère de Jésus. Il faut dire et redire que Marie n’est pas du côté des sauveurs, mais des sauvés… comme nous tous. Ce n’est pas elle qui nous rachète, c’est le Christ ; ce n’est pas elle qui pardonne nos péchés, c’est Dieu ; ce n’est pas elle que l’on prie, on lui demande de prier pour nous, ce qui est différent. Une preuve : regardons toutes les oraisons de la messe de ce jour : aucune ne s’adresse à Marie, mais toutes à Dieu à propos de Marie.
Ce que l’Eglise dit de Marie, depuis l’an 431 et le concile d’Ephèse qui la déclare « Mère de Dieu » (Theotokos), et même, plus tôt, depuis la rédaction des évangiles, ne provient pas de recherches archéologiques ou d’études historiques, mais sont des conclusions théologiques de l’approfondissement de la foi au Christ.
Marie est donc, comme nous, sauvée par le Christ qui a donné sa vie, pour elle comme pour nous. Mais, dans la procession des sauvés, c'est-à-dire des saints, elle occupe la première place, tant sa réponse à sa vocation, son acceptation de conformer toute sa vie à la volonté de Dieu, ce qu’on appelle sa « justice », a dû être totale. Et il faut penser que sa participation à l’Incarnation, à la formation du Verbe de Dieu dans l’humanité, ne s’est pas arrêtée à la naissance de celui-ci, mais qu’elle a dû également contribuer, comme pour tout être humain, à son éducation, son apprentissage d’une vie authentiquement humaine, mais parfaitement ajustée à Dieu.
Le Fils n’aurait pu atteindre un tel degré d’ajustement si sa mère ne l’y avait pas conduit. Jésus a eu besoin de Marie pour être authentiquement fils de Dieu. Elle a bien mérité d’être, dès sa mort, accueillie dans la lumière de la Résurrection auprès de son fils. Ce que nous fêtons à l’Assomption.
Dominique Maerten