On peut appeler le troisième défi relevé par le pape pour construire une fraternité universelle, le chemin de la fraternité, c'est-à-dire le dialogue. « Entre l’indifférence égoïste et la protestation violente, il y a une option toujours possible : le dialogue. » (§ 199) Que ce soit entre les personnes, les générations ou les peuples.
Encore faut-il comprendre ce que signifie le dialogue et ne pas le confondre avec ce qu’il n’est pas. Le dialogue n’est pas une alternance de monologues où l’autre n’est jamais rencontré. Ce n’est pas non plus une négociation dont l’objectif est finalement d’obtenir, à force d’arguments, satisfaction face à l’autre, ou un compromis tiède, ni même un consensus de circonstance, qui disparaît dès que les intérêts ne sont plus satisfaits.
Au contraire, le vrai dialogue sert de manière désintéressée le Bien commun, accueille et respecte le point de vue de l’autre auquel un trouve valeur et intérêt, recherche avec lui la vérité objective, universelle, permanente, sans tomber dans le relativisme (« après tout, chacun pense ce qu’il veut »), ou l’utilitarisme (« j’adopte le point de vue qui sert mes intérêts »). Finalement, le vrai dialogue suppose la bienveillance, dont saint Paul fait un don de l’Esprit (Ga 5,22), grâce à laquelle chacun est reconnu dans son droit d’être différent et valorisé.
Au nom du dialogue, le pape invite les scientifiques au travail interdisciplinaire et les médias à s’en faire les serviteurs honnêtes. Il invite, bien sûr, chacun d’entre nous à entrer en dialogue et, ensemble, à instaurer une véritable « culture de la rencontre » (§ 216), seul chemin vers l’amitié sociale et une fraternité universelle.
Dominique Maerten