« Vers une civilisation de l’amour »
Décidément, cette fête de Noël 2020, que nous nous préparons à célébrer… comme nous le pourrons, est plutôt inédite ! La liste serait longue de nos habitudes chamboulées, de nos projets arrêtés, de nos désirs renoncés. Mais ne croyez-vous pas que cette nuit du 25 décembre de l’an 1 (pour faire simple) à Bethléem n’était pas aussi inédite pour Marie et Joseph ? En partant s’inscrire pour un recensement- somme toute banal, pensaient-ils qu’il leur arriverait ce qui leur est arrivé ? Et ce matin du 25 mars, 9 mois plus tôt, quand Marie a vu atterrir un ange à ses côtés à Nazareth, s’attendait-elle à ce qui lui est arrivé ? Et l’on pourrait ainsi prendre tous les événements rapportés dans l’évangile : tous sont plutôt inédits ! Chaque personne rencontrée par Jésus ne s’attendait pas à ce lui est arrivé. C’est que Dieu est imprévisible ; c’est même à cela qu’on le reconnaît. Alors que nous voudrions tant qu’il s’adapte à nos désirs, à nos attentes ou à nos moyens ! Comme David qui aurait aimé s’entendre confirmé par le prophète Nathan dans son projet de construire un temple pour son Dieu. C’est à nous au contraire de nous adapter à ses invitations, à ses annonciations et à ses appels. Un chrétien devrait toujours être prêt à accueillir l’inconnu, à se laisser surprendre par l’inédit de Dieu, à dire, comme Marie, « Que tout m’advienne selon ta parole ». Et si, dans la situation actuelle, Dieu voulait nous dire quelque chose ? Par exemple : « Qu’est-ce qui est essentiel pour toi dans la fête de Noël ? A quoi es-tu prêt à renoncer pour que d’autres vivent ? Et si tu cessais de mesurer chaque situation en termes de perte ou de profit pour toi, et que tu te mettais à chercher ce que tu peux donner ? » Déjà dans la vie d’un couple ordinaire, l’arrivée d’un enfant bouleverse toute la vie, rien n’est plus comme avant, tout est nouveau, à réinventer. Alors laissons l’enfant que nous accueillons ensemble bouleverser nos vies. Faisons-en sorte que rien ne soit plus comme avant, réinventons avec lui un monde nouveau, construisons, comme le demandait le pape Paul VI, relayé par le pape François, une « civilisation de l’amour ».
Dominique Maerten, diacre